18 Pages!

This commit is contained in:
Skia 2013-12-31 05:18:24 +01:00
parent 5395147205
commit 44088ab2c3
3 changed files with 125 additions and 16 deletions

141
MR00.tex
View file

@ -94,11 +94,16 @@ génération, dans la réalisation d'objets en fer forgé?
\section{Qu'est-ce que la forge à cette époque?}
\paragraph{}
Juste après la chute de l'Empire Romain d'occident, la maîtrise du fer est encore loin d'être parfaite, même si l'on
trouvait déjà à l'époque des clés et serrures plutôt bien réalisées\footnote{Exemples visibles au musée du fer de
Vallorbe}.
trouvait déjà à l'époque des épées, armures, chaînes, ou autres clés et serrures plutôt bien réalisées\footnote{Exemples
visibles au musée du fer de Vallorbe}.
\paragraph{}
Mais les progès réalisés durant l'époque médiévale vont considérable bouleverser cette pratique au point même de la
transformer en art!
Mais les progès réalisés durant l'époque médiévale vont considérable bouleverser cette pratique par des techniques qui
tendent aujourd'hui à s'oublier, mais qui pourtant ont permis par la suite de mettre en place les révolutions
industielles consuisant au monde d'aujourd'hui.
\paragraph{}
Si au départ, la forge existe dans un but purement utilitaire, c'est dans la deuxième moitiée du Moyen-Âge, pendant
la construction des prestigieux châteaux fort et autres cathédrales que la grandeure des artisans va se révéler et
révolutionner cette pratique au point même de la transformer en art!
\subsection{La fabrication du métal}
\paragraph{}
@ -117,15 +122,30 @@ entre le XII\ieme et le XV\ieme siècle, soit à la fin du Moyen-Âge.
Le fer était obtenu par fusion du minerai dans des bas-fourneau afin d'obtenir ce que l'on appelle une
loupe: un bloc de métal pas très homogène. Ce bloc était ensuite forgé et soudé avec lui même, par pliages successifs
afin de l'homogenéiser et l'on obtenait après cette étape un saumon, qui était parfois de nouveau reforgé pour en faire une
barre. Cette barre était ensuite livrée aux différents forgeron comme matière première.
barre. Cette barre était ensuite livrée aux différents forgerons comme matière première, ou bien utilisée sur place dans
le cas d'un chantier ou d'un forgeron réduisant lui même le minerai qu'il pouvait récolter seul dans des affleurements.
\paragraph{}
Il s'agissait de fer, maintenant appellé communément fer au carbone ou acier doux, car pendant les transformation, la chauffe au charbon le
faisait absorber une très petite quantité de carbone, mais une quantité trop faible pour transformer le métal en véritable acier.
Mais dans certaines régions où le minerai abondait et était de bonne qualité, on pouvait trouver au même endroit toute
la chaîne de production du fer, comme c'est le cas par exemple dans la zone entourant Vallorbe, tel que cela est
expliqué au musée du fer, mais aussi du côté de Saint-Dizier, de Vert-Saint-Denis, ou de Saint-Maurice-Montcouronne en
France\footnote{Référence: La production sidérurgique en contexte d'habitat aux VIIIe-XIIe siècles : l'apport des
fouilles récentes en France et en Suisse}. Toute cette chaîne était de plus située à proximité des habitations, ce qui
atteste d'une importante production, en comparaison des siècles précédents (époque gallo-romaine) où les fours de
réduction étaient généralement sur le site d'extraction du minerai, c'est à dire assez éloigné de l'habitat. Toutes ces
recherches montrent que certains forgerons ont donc habité et travaillé toute leur vie dans un site de fabrication
métallurgique.
\paragraph{}
Ce métal était évidemment du fer, maintenant appellé communément fer au carbone ou acier doux, car pendant les
transformations, la chauffe au charbon le faisait absorber une très petite quantité de carbone, mais une quantité trop
faible pour transformer le métal en véritable acier. La réduction en bas-fourneau est d'ailleurs appellé pour cela
réduction directe, car on obtient à la fin un métal qui n'a pas besoin d'être affiné, contrairement à nos productions
modernes en haut-fourneau, le procédé indirect, qui produit de la fonte ayant un trop fort taux de carbone et devant
être affinée dans les aciérie pour produire un métal forgeable.
\paragraph{}
L'image suivante, prise sur
Internet\footnote{Forum outil anciens:\\
\url{http://www.forum-outils-anciens.com/t4015-Loupe-de-bas-fourneau-et-saumon-de-fer.htm}}, illustre parfaitement les loupes et saumon que l'on peut observer au musée du fer
de Vallorbe.
\url{http://www.forum-outils-anciens.com/t4015-Loupe-de-bas-fourneau-et-saumon-de-fer.htm}}, illustre parfaitement les
loupes et saumon que l'on peut observer au musée du fer de Vallorbe.
\begin{figure}[H]
\centering
\includegraphics[width=0.7\textwidth]{loupe_saumon.jpg}
@ -141,7 +161,8 @@ principalement les chevaux.
\paragraph{}
Mais au vu du nombre souvent faible de ces artisans dans les campagnes, ces différenciations exprimaient simplement des
spécialisations, puisqu'en réalité, un forgeron pouvait parfois être amené à ferrer des chevaux, et un maréchal se
retrouvait de temps en temps à la confection des serrures\footnote{Référence: Les maréchaux à l'époque médiévale}.
retrouvait de temps en temps à la confection des mécanismes de serrurerie\footnote{Référence: Les maréchaux à l'époque
médiévale}.
\subsection{Le forgeron}
@ -149,7 +170,7 @@ retrouvait de temps en temps à la confection des serrures\footnote{Référence:
Le forgeron, c'est celui qui est le plus courant au Moyen-Âge, puisqu'il n'a pas un métier très précis. Ils étaient très
nombreux, l'industrie n'existant pas encore. C'est lui qui fabrique la plupart des outils de la vie courante, c'est à
dire une multitude d'outils agricoles, mais aussi les parties métalliques d'un bâtiment tel les pentures de portes ou
les garde-corps d'un balcon.
les garde-corps d'un balcon, ou encore simplement les saumons à partir des scories des bas-fourneaux.
\paragraph{}
C'est un artisan très polyvalent, car pour fabriquer les outils de tous les autres métiers, il doit les connaître le
mieux possible, afin de fournir le meilleur matériel. Mais ce sont aussi aux autres travailleurs d'énoncer clairement
@ -164,6 +185,16 @@ vient donc ici de la répétition du même objet et le forgeron doit donc être
viande, généralement efficacement décoré, mais surtout en grande série. La décoration et l'uniformité des pièces est
d'autant plus importante que la commande du service de table est pour le seigneur local, car celui ci peut alors rémunérer
grassement l'artisan qui fournira de belles pièces rapidement.
\paragraph{}
Enfin, la construction étant très à la mode au Moyen-Âge, on trouve des forgerons sur tous les chantiers. Qu'il s'agisse
d'une cathédrale ou d'un château fort, toutes ces constructions sont faites en pierre, et pour tailler la pierre, il
faut des marteaux et des ciseaux, broches, coins, en très grande quantité. C'est là encore aux forgerons de se mettre au
travail pour éviter une pénurie d'outils.
\paragraph{}
Sur ces constructions, le minerai était parfois extrait sur place, et encore une fois, le forgeron devait aussi savoir
comment fabriquer le métal qu'il allait devoir travailler à partir des pierre ferrugineuses extraites du sol. Un bel
exemple de reconstitution est visible régulièrement au chantier de Guédelon, où des réductions ferreuses sont pratiquées
plusieures fois par an sur place par le forgeron du chantier, illustrant encore une fois la polyvalence de ce métier.
@ -196,14 +227,90 @@ principalement dû à leur effectif plus élevé que ces derniers. De plus, éta
pour le ferrage, on peut penser que les clients faisaient appel à eux aussi par habitude, et parce qu'il devait aussi
connaître les bêtes, ce qui ne peut qu'aider à les traiter.
\paragraph{}
Ce
Certains registres\footnote{Celui de Philippe le Hardi par exemple (p169)} attestent même du commerce de plantes
médicinales par le maréchal, ce qui dénote d'une connaissance reconnue en la matière puisque ce commerce était
généralement réservé qu'à certaines personnes habilitées comme les médecins ou les apothicaires.
\paragraph{}
Enfin, le maréchal était aussi très présent chez les militaires au service d'un seigneur, puisque ceux-ci possédaient
courrament un grand nombre d'équidés qu'il fallait soigner et ferrer. De plus, il était alors facile en tant de guerre
de réquisionner le maréchal pour la fabrication d'armes si le spécialiste en la matière se trouvait dépassé.
\subsection{L'armurier}
\paragraph{}
L'armurier est certainement la classe de forgeron la plus connue de nos jours, puisque c'est toujours celle-ci qui est
montrée dans les films et la culture médiatique actuelle, étant celle qui sucite le plus d'engouement. Pourtant,
en regardant la réalité historique, cette classe était largement minoritaire face aux autres, puisque les armuriers
travaillaient toujours pour un seigneur et que les seigneurs étaient beaucoup moins nombreux que la population.
\paragraph{}
Cela s'explique très facilement. Ceux qui ont besoin d'armes sont ceux qui ont des gens à équiper. Mais pour avoir des
gens à équiper, il faut de l'argent, ce qui signifie à l'époque qu'il faut être noble. C'est donc toujours la noblesse
qui embauchait les fabriquants de matériel militaire, et ceux-ci travaillaient donc en général dans la forge du château,
ou bien directement avec une forge portative sur l'arrière du champ de bataille lors des campagnes importantes.
\paragraph{}
Même si la forme des épées et autres armes est généralement assez simple, leur fabrication n'en demeure pas moins un art
demandant une grande maîtrise de la métallurgie. Si les celtes se battaient courament avec des épée en
fer\footnote{Une très belle reconstitution du processus de fabrication d'une épée celte se trouve au musée du fer de
Vallorbe, réalisée en partenaria avec un musée Zurichois} celles des chevaliers étaient en revanche de bien meilleure
facture avec des lames déjà en acier trempé.
\paragraph{}
C'est là toute la maîtrise des maîtres armuriers, car on ne savait pas à l'époque fabriquer de l'acier, et ils devaient
alors le faire eux même par des techniques ancestrales\footnote{Il s'agit en fait généralement d'une transmission plus
ou moins rigoureuse de la fabrication de l'acier Damas, ou acier Wootz, venu des pays d'Asie par la route de la soie},
sans réellement savoir quelles conséquences leur méthode avait sur le métal en lui-même. Cela constiste généralement à
carburer la lame par une méthode quelconque (voir: \ref{carburation}) avant de la replier sur elle même et de
recommencer afin de créer un mélange le plus homogène possible de couches carburées (de l'acier) avec des couches qui le
sont moins (du fer). C'est la confection de cet acier, de plus ou moins bonne qualité selon le savoir faire de
l'artisan, qui donnera une lame plus ou moins bonne. Les analyses de certaines pièces montrent que le nombre de plis
pouvait atteindre cinq cent, voire même mille pour certains Katanas japonais de la même époque, d'où une homogenéité
quasi parfaite, donc une lame aux propriété mécaniques de flexion et de résistance très intéressantes, ainsi qu'un fil
de lame pouvant être aiguisé très finement et de façon durable.
\paragraph{}
Mais la forge militaire ne s'arrête pas à la fabrication des armes, car il faut aussi équiper les guerriers pour la
défense et la fabrication des armures est aussi une tâche complexe. Le forgeron doit d'abord obtenir des tôles qui sont
ensuite travaillées à froid sur des sortes d'enclumes en bois de formes arrondies à l'aide d'un marteau léger. Pour cela
il soude entre eux plusieurs saumons pour constituer un bloc de fer relativement conséquent qu'il n'a plus qu'à applatir
sur son enclume.
\paragraph{}
Une fois la tôle établie, il peut alors la modeler en se servant de billauds concaves ou convexes afin de donner à la
tôle sa forme de plastron, de coudière, de heaume ou de toute autre pièce d'armure souhaitée. Ici, la technicité
consistait à avoir le sens des dimensions pour construire une armure adaptée au chevalier, même si bien souvent, une
armure coûtant extrêmement cher, celles ci se transmettaient d'un homme à l'autre et on procédait seulement à quelques
adaptations.
\paragraph{}
Malgré que les méthodes ne soient pas toujours traditionnelles, on peut trouver un nombre assez abondant de
gens\footnote{Par exemple Éric Dubé sur YouTube (\url{http://www.youtube.com/user/SgtViktor})} ayant
construits leurs armures pour des reconstitutions, puisque le travail principalement à froid de tôle aisément trouvable
dans le commerce rendent la technique relativement accessible, plus en tout cas, que la fabrication des autre objets qui
demandent en général de posséder une forge, chose tout de suite moins aisée de nos jours.
\paragraph{}
Enfin, le forgeron d'armes pouvait aussi avoir à fabriquer du fil de fer. Ce matériaux étant à la base de la cotte de
mailles, il fallait alors en fabriquer d'énormes quantités, mais le travail d'assemblage des mailles étant très long et
peu technique, il était facile pour un seigneur de délégué ce travail à quelqu'un de moins qualifié que le forgeron afin
de permettre à ce dernier de mettre au maximum ses compétences à profit sans perdre de temps inutilement.
\subsection{Bien d'autres spécialisations}
\paragraph{}
Seule une petite partie des différentes spécialisations a été ici évoquée, car en réalité, si nombre de forgerons étaient
très polyvalents, un bon nombre passaient leur vie à faire toujours la même chose d'une main de maître. C'est le cas par
exemple des charons, ceux qui faisaient le cerclage des roues de charrette, des serruriers, qui maîtrisaient la
mécanique, ou des chaîniers, pour qui la soudure au feu n'avait plus aucun secret.
\paragraph{Le charon}
C'est là une spécialisation très particulière de la forge car elle ne demande pas une grande maîtrise du marteau et de
l'enclume, mais elle reste néanmoins astucieuse. Le principe est d'utiliser le fait que la matière se dilate à la
chaleur. On fabrique alors un cercle de fer ne pouvant rentrer en force autour de la roue en bois, on le chauffe dans un
grand feu allumé spécialement pour l'occasion et ayant les dimensions pour chauffer tout le cercle d'un coup, puis une
fois que ce dernier est chaud (pas besoin d'atteindre le rouge, donc il n'y a même pas besoin de forcer le feu en
l'attisant), on le retire du foyer et on vient le placer autour de la roue mise en place sur une air de cerclage, puis
on arrose abondamment pour éviter que le bois brûle. En refroidissant, le fer vient naturellement se serrer autour de la
roue et ainsi la maintenir bien en place.\footnote{Une très belle reconstitution a été réalisée par l'équipe du Fourneau
Saint Michel au village de Maredret en Belgique \\
\url{http://www.maredret.be/patrimoine/patrimoinehistorique/ancienneforge/cerclagederouedecharrette/cerclagederouedecharrette.htm}}
\paragraph{Le serrurier}
% C'est à cette époque que le métier était le plus présent dans la vie courante, étant donné l'abscence d'industrie et le
% monopole de l'artisanat.
@ -324,6 +431,7 @@ réalisait trente mètres de chaîne par jour lorsqu'il était encore en activit
\subsubsection{Une certaine connaissance métallurgique}
\paragraph{}
\label{carburation}
Même si les médiévaux ne connaissaient pas précisément ce qu'il se passait au niveau atomique dans le métal qu'ils
travaillaient, il avaient tout de même appris que le fer se comportait différemment après certains traitements. Ainsi,
même si ils ne connaissaient pas vraiment la différence entre le fer et l'acier, les deux appellation existaient déjà et
@ -378,8 +486,9 @@ sont pas forcément des professionnels du métier, aiment à pratiquer ces geste
\paragraph{}
Un exemple assez connu est celui de Guédelon, où une équipe de passionné construit en ce moment un Château Fort selon
les techniques médiévales, sans aucune aide technologique. Selon les artisans travaillant là bas, cette reconstitution
est trè bien perçu par les historiens, car cela permet à ces derniers, comme évoqué au paragraphe précédent, de
est très bien perçu par les historiens, car cela permet à ces derniers, comme évoqué au paragraphe précédent, de
visualiser avec des gestes les techniques décritent dans les écrits.
\paragraph{Cerclage à Maredret}

BIN
pictures/ciseaux_pierre.jpg Normal file

Binary file not shown.

After

Width:  |  Height:  |  Size: 66 KiB

Binary file not shown.

After

Width:  |  Height:  |  Size: 161 KiB